Soudain, samedi dernier à 15h, Jean-Marc Ayrault s’est mis à parler en allemand, promu langue de l’Europe austéritaire. C’était un tweet, gazouillis en français (en allemand, j’avoue ne pas savoir). Traduit en langue de fonte nationale, il dit : « L’amitié franco-allemande est indispensable pour redonner un nouvel élan au projet européen et trouver les voies du retour de la croissance ». Ce message codé voulait faire taire les critiques adressées par le PS à Merkel. Un projet de texte destiné à ouvrir le débat de la convention solférinienne sur l’Europe avait été révélé la veille. Il regrettait « l’intransigeance égoïste » de la « chancelière de l’austérité ». Cette charge rappelait les ruses des auteurs victimes de censure. Merkel était ainsi la cible de critiques destinées à d’autres. L’austérité, c’était elle et elle seule. Les « réformes structurelles » dérégulant le marché du travail et allongeant la durée de cotisation pour les retraites, elle uniquement. La baisse des dépenses publiques et le blocage des salaires, personne d’autre. Une politique de l’offre visant la croissance par l’exportation, une autre de ses singularités. A croire que c’est elle qui faisait alors en Chine le service après-vente de l’accord Made in Medef ! Ces habiletés étaient déjà attentatoires à la majesté du couple exécutif. Ayrault a gazouillé, et Cambadélis s’est exécuté promptement, promettant une nouvelle version du texte expurgée de toute référence à Madame Merkel devenue Celle-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom. En savoir plus »