La ville de Fourmies, à la frontière belge, s’est fortement développée à la fin du XIXème siècle grâce à l’industrie lainière. Elle compte alors 15 000 habitants, en majorité des ouvriers qui dès le printemps s’impliquent dans la préparation du 1er mai, récemment institué comme « journée internationale de revendication des travailleurs ». Une série de meetings et de réunions établit 8 revendications principales qui seront portées par les travailleurs en grève le 1er mai : journée de 8 heures, création d’une Bourse du Travail, versement de la paie tous les huit jours…
Les patrons répliquent par une adresse très vive affichée le 29 avril et signée par tous les entrepreneurs, sauf un, dénonçant « les meneurs étrangers » et les « théories révolutionnaires » et menaçant de licenciement les grévistes. Parallèlement ils alertent la mairie sur les risques de « débordement » et obtiennent 2 compagnies d’infanterie en renfort.
Le 1er mai, à 9 heures, la plupart des ouvriers de la ville sont en grève, et une seule filature reste en activité. Des ouvriers grévistes s’en approchent afin de les inciter à cesser le travail et quatre manifestants sont arrêtés par la gendarmerie. Cependant le reste de la journée se déroule sans incident et en début d’après-midi, le maire de Fourmies promet de relâcher à 17h00 les ouvriers arrêtés le matin. Mais à 18h, les grévistes n’ont toujours pas été libérés. Près de 200 manifestants arrivent alors sur la place de l’église et font face aux 300 soldats. Quelques cailloux volent, la foule pousse et sans sommation le commandant Chapus donne l’ordre d’ouvrir le feu. La fusillade va faire une trentaine de blessés et neuf morts principalement de jeunes ouvriers, dont une enfant de 11ans. Les 9 fusillés de Fourmies seront inhumés le 4 mai devant une foule émue de trente mille personnes.
Une proposition d’amnistier tous les manifestants du 1er Mai de Fourmies est déposée par les radicaux, les socialistes et les boulangistes peu après. Défendue par Jaurès et Clémenceau elle sera finalement repoussée. Tandis que Culine et Lafargue, militants du Parti Ouvrier, tenus responsables, seront condamnés à des peines de prison pour « provocation à l’émeute ».
Aigline de Causans