En décidant de recourir au vote bloqué sur la réforme des retraites le gouvernement confirme sa vision anti-démocratique des institutions françaises. Pour lui, le Parlement n’a de raison d’être qu’aux ordres de l’Elysée.
Alors qu’en 2010 le PS avait reproché à Nicolas Sarkozy le recours à cette procédure de vote bloqué, le gouvernement Ayrault fait de même pour faire passer sa propre réforme des retraites à l’assemblée le 26 novembre. Mêmes causes, même effet : il s’agit toujours de reculer l’âge du départ à la retraite et d’aggraver les conditions des retraités. Et comme en 2010 ce n’est pas sans mal : la loi n’a pas trouvé de majorité absolue à l’Assemblée, le Sénat a voté unanimement contre et hier, lors de son nouveau passage à l’assemblée, les députés EELV et PRG alliés à ceux du FDG, ont fait battre le report de la revalorisation des pensions de six mois. Ce Gouvernement peine, il est vrai, à trouver une majorité pour ces mesures qui contredisent ses promesses électorales.
Devant la peur d’une défaite, le gouvernement a décidé de se discréditer, de se déshonorer et de mettre une nouvelle fois ses pas dans ceux de Nicolas Sarkozy.
Le Parti de Gauche rappelle cependant aux députés que rien ne les oblige à former un Parlement godillot. Il n’y aura certes plus de débat, mais il y aura bien un vote. Il suffirait d’un rien pour la réforme des retraites soit battue, à savoir qu’une partie des 47 députés PS/EELV/PRG qui se sont abstenus en première lecture votent contre.
Enfin, il réaffirme son attachement à une République où la souveraineté du peuple soit effective et non contre-carrée en permanence par un exécutif caporaliste. La Marche du 1erdécembre rappellera au Gouvernement qu’en matière de fiscalité comme pour le reste, c’est le consentement du peuple qui doit être la règle.
Eric Coquerel et Raquel Garrido