« La droite a gagné la bataille des idées. Parce que la notion de compétitivité, le fait que l’emploi se crée en entreprise, le fait qu’il faille baisser le coût du travail, le fait qu’il faille baisser la dépense publique se sont désormais imposés comme les thèmes prioritaires de la politique de notre pays ». Tout est dit par Valérie Pécresse, ancienne ministre du Budget de Sarkozy. Elle pourrait ajouter que Moscovici n’a rien trouvé de mieux que de retirer les Bermudes et Jersey de la liste des paradis fiscaux. Dans ce contexte la droite a du mal à se situer. Et comme le dit si bien P. Moscovici « Ce que François Hollande souhaite… c’est, pourquoi pas, créer des majorités d’idées. C’est une politique de rassemblement large. »
Pour cela, il faut en créer les conditions. Le vote sur la confiance au gouvernement aura lieu après les élections européennes entre le 25 mai et le 30 juin, et ne portera plus sur le pacte de responsabilité, mais sur une déclaration générale, par l’intermédiaire de l’article 49-1 de la constitution et non du 49-3 comme annoncé précédemment, faisant ainsi disparaître la possibilité pour la droite de se rassembler derrière une motion de censure. Cela devrait permettre à Europe Écologie Les Verts et aux députés PS critiques de voter pour, voire en dernier ressort de s’abstenir. Les mêmes pourront toujours essayer de modifier ce fameux pacte lorsqu’il viendra au vote en tant que projet de loi, le gouvernement a la majorité suffisante pour imposer ses choix comme il l’a fait pour les retraites et pour l’ANI. Ayant d’un côté évité de diviser sa majorité, Hollande peut espérer de l’autre que des députés centristes jouent l’opposition responsable et ne s’opposent pas frontalement au pacte. Tout occupé à satisfaire le Medef, la commission européenne et les centristes, ce gouvernement se soucie peu de l’évolution de la pauvreté dans notre pays : 8,7 millions de personnes, soit 14,3 % de la population, vivent sous le seuil de pauvreté en 2011, taux le plus haut depuis 1997, alors que seule la moitié la plus aisée de la population a vu son niveau de vie augmenter pendant que ce dernier reculait pour la moitié la plus modeste.
De son côté, l’UMP, fragilisée sur ses positions économiques par la politique gouvernementale, attaquée sur sa droite par le FN, essaie de surfer sur le rejet de la fiscalité et la défense d’une conception de la famille rétrograde. Elle a ainsi laissé ses députés les plus réactionnaires monter au créneau contre l’affirmation du droit à l’IVG sans restriction. Dans ce débat, le FN a tombé le masque, Marion Maréchal Le Pen s’abstenant sur le déremboursement de l’IVG après avoir déclaré, il y a des « situations où les femmes recourent à l’IVG en l’absence totale de détresse psychologique et matérielle. Cela relève donc d’un choix de vie que l’on peut, de fait, qualifier de confort ».
Dans ce contexte de confusion politique, la tâche du moment est d’affirmer une parole claire à gauche : contre le pacte de responsabilité, contre la confiance au gouvernement. Et contre la droite et l’extrême-droite, toutes et tous dans la rue le 1er février pour réaffirmer le droit à l’IVG en Espagne comme en France.
Martine Billard,
co-présidente du Parti de Gauche