Derrière l’apparente improvisation gouvernementale, se cache une véritable cohérence idéologique. Certains, à gauche, ont pu se réjouir de deux réformes emblématiques de ces dernières semaines. D’une part, la suppression de la première tranche de l’impôt sur le revenu qui a pu convaincre certains qu’on tenait enfin là une mesure améliorant le pouvoir d’achat des plus pauvres. D’autre part, la modulation des allocations familiales selon les revenus qu’une partie de « la gauche » a applaudie car elle y voit un symbole de justice et d’équité.
Ces deux mesures sont pourtant une attaque en règle contre notre modèle social. La suppression de la première tranche affaiblit le principe de l’impôt sur le revenu et se situe dans la continuité des multiples réductions de sa progressivité ces dernières années. Cette mesure ne va pas du tout aider les plus pauvres qui de toute manière ne payent pas l’impôt sur le revenu, mais sont ponctionnés injustement par la TVA qui les frappe durement.
De l’autre côté, rendre progressif le versement des allocations familiales va à l’encontre de l’universalité de cette prestation. La sécurité sociale n’est pas là pour corriger des inégalités. Elle n’est, contrairement à l’impôt sur le revenu, pas une redistribution des revenus, mais une socialisation d’une partie du salaire. Les Français y contribuent donc proportionnellement à leur salaire tout en recevant des prestations identiques. Les allocations familiales sont rattachées à l’enfant ; ses droits n’ont pas à être liés aux revenus des parents. La modulation des allocations familiales va aggraver les oppositions au sein de la population et les classes moyennes supérieures risquent de se tourner davantage vers les assurances privées et consentir de moins en moins à financer les allocations des plus pauvres.
En s’attaquant ainsi à l’impôt et à la sécurité sociale en les détournant de leur objectif et de leur justification, le gouvernement met en œuvre un double mouvement visant à détruire les fondements de notre modèle républicain issu du Conseil national de la résistance. Face à cette cohérence, nous devons opposer la nôtre. La 6ème République sera celle qui rendra l’impôt sur le revenu plus progressif par la création de 14 tranches et fixera le revenu maximum. Elle sera également celle qui sauvera et étendra la Sécurité sociale, en rétablissant l’universalité de ses prestations et son financement par la cotisation sociale, c’est-à-dire la part socialisée des salaires.
Guillaume Etievant, Secrétaire National à l’économie du Parti de Gauche