Dimanche 12 octobre, le président Evo Morales a été élu, dès le premier tour avec près de 60% des voix, pour un troisième mandat (2015-2020) à la tête de l’État plurinational de Bolivie. Depuis plusieurs semaines, tous les sondages d’opinions lui donnaient une avance telle qu’il n’était pas possible de douter du résultat final. Toutefois, ces enquêtes n’avaient pas prévu une victoire d’Évo Morales et du Movimiento al Socialismo (Mouvement vers le socialisme, MAS) dans huit des neuf départements que compte ce pays d’un peu plus de dix millions d’habitants. Parmi ces départements se trouvent les fiefs traditionnels de l’opposition et de la droite dure qui faisaient obstacle aux actions du gouvernement progressiste depuis 2006. Cette fois, le président bolivien et sa formation arrivent en tête dans la Media Luna, notamment dans le département de Santa Cruz. Seul le département de Beni lui a préféré Samuel Doria Medina, candidat de l’Union démocratique (centre-droit).
Non seulement Évo Morales a été réélu et bien réélu mais il a aussi remporté une victoire législative en obtenant d’ores et déjà une majorité absolue au Parlement, avec 82 députés sur 130 à l’Assemblée et 25 sénateurs sur 36 au Sénat (les résultats complets ne sont pas encore connus). Cette majorité va permettre au gouvernement de conforter son orientation politique et d’approfondir son programme économique et de redistribution sociale : redistribution des richesses vers les couches les plus fragiles de la population, renforcement des programmes d’éducation, de santé et développement des infrastructures (transports notamment) sont au cœur des politiques d’investissements publics.
Le bilan de la politique suivie par le gouvernement depuis 2006 explique son succès. En effet, l’extrême pauvreté a été réduite de moitié et plus d’un million de Boliviens (soit 10% de la population du pays) sont sortis de la pauvreté tandis que le niveau de vie moyen augmentait et que le chômage diminuait.
Désormais, une question se pose à la Bolivie. Stable sur le plan politique (après avoir connu quelques 120 coups d’Etat en un siècle), sur le plan économique (la croissance est la seconde plus élevée d’Amérique latine), et en pleine phase de modernisation et de progrès social, le pays arrivera-t-il à organiser la diversification de son économie ? En effet celle-ci repose jusqu’à présent essentiellement sur l’exploitation et l’exportation de matières premières et minières. Ce défi sera au cœur du nouveau mandat d’Évo Morales.
Christophe Ventura