Le 06 / 10 / 2013,
Le combat de l’Université Paul-Valéry (Montpellier 3), porté par sa présidente Anne Fraïsse et mené courageusement par ses étudiants et personnels, a tout le soutien du Parti de Gauche, qui salue une initiative, espérons-le, salutaire pour l’ensemble du milieu universitaire européen.
Ce combat ne concerne, en effet, pas uniquement Paul-Valéry, qui ne doit donc pas le mener seule : la file d’attente devant les urgences de l’hôpital Fioraso ne fera que grandir de jour en jour si nous ne faisons rien. Parce que lorsqu’un patient en vient à choisir de se ronger lui-même un membre pour pouvoir survivre, c’est la société toute entière qui doit s’interroger sur sa propre responsabilité, et sur les causes profondes d’une telle extrémité.
Les différentes mesures drastiques que l’UM3 est aujourd’hui contrainte d’annoncer contre son gré (fermeture du site de Béziers, fermetures de filières d’enseignement, filtrage des inscriptions par tirage au sort) sont en effet alarmantes, et malheureusement symptomatiques d’un mal qui dépasse les seules frontières de Paul-Valéry, de Béziers, ou même de la France : les causes profondes sont à chercher dans une politique européenne dévouée à des intérêts mercantiles et privés à grande échelle, qui gangrène l’Enseignement Supérieur et la Recherche publics des nations européennes.
Cette politique européenne, définie de longue date dans des directives comme le Processus de Bologne (1999), ou la Stratégie de Lisbonne (2000), affirme sans rougir que l’avenir de notre société doit passer par une marchandisation du savoir, et donc notamment (et entre autres choses) une remise des clés inconditionnelle de l’enseignement supérieur et de la recherche au secteur privé, et donc à une gestion commerciale, quantitative, et uniquement motivée par un profit financier immédiat. Les différentes lois et mesures nationales prises au cours des ces 15 dernières années concernant l’ESR (LRU loi sur l’autonomie, procédures d’évaluation quantitative à court terme, financement compétitif de la Recherche publique, Loi Fioraso, etc.), dont l’Université Paul-Valéry fait aujourd’hui les frais, ne sont que la mise en application de ces directives, et nous sont, qui plus est, dictées par un pouvoir européen non-élu démocratiquement.
Ne nous y trompons pas : l’étranglement financier auquel doit aujourd’hui faire face Paul-Valéry dans l’urgence concerne en réalité l’ensemble du milieu universitaire européen. Les universités grecques ferment à tour de bras, les italiennes, pour ne citer qu’elles, suivent en ordre rangé, et les françaises annoncent chacune à son tour des perspectives de dépôt de bilan à un, deux, voire trois ans pour les plus optimistes.
Ce combat dépasse donc largement la seule sphère universitaire locale de l’Université Montpellier 3. C’est une sirène d’alarme, qui doit nous interpeller sur la question du rôle que nous souhaitons voir jouer au Savoir dans notre société. Devons-nous conserver et défendre un accès pour tous, public et gratuit, au Savoir, et donc à l’université ? La recherche de nouvelles connaissances est-elle du domaine public, à l’accès et aux bénéfices publics, ou échoit-t-elle uniquement au secteur privé ? Et lorsque le financement est public, doit-on continuer à encourager la privatisation des résultats, qui en retour d’argent public verrouille l’accès aux nouvelles connaissances acquises, et soumet à transaction financière un savoir parfois aussi fondamental que des séquences génomiques ?
Pour nous projeter dans l’avenir, et chercher à prédire ce que nous sommes en train de préparer, imaginons un instant que les mesures actuelles aient eu cours un ou deux siècles en arrière : serait-il alors concevable, par exemple, qu’un patient aujourd’hui cardiaque doive payer, en plus des frais d’intervention médicale, des royalties au(x) découvreur(s) du système vasculaire avant de pouvoir être opéré ? Cette question n’est pas qu’une métaphore, c’est ce que nous préparons : « l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde » (Stratégie de Lisbonne).
La Stratégie Europe 2020, établie en mars 2010 par la Commission européenne pour succéder à celle de Lisbonne, ne change en rien la direction de fond. Le combat ne fait donc que commencer, et l’Université Paul-Valéry-Montpellier 3 n’est « que le patient zéro à la seule échelle nationale ».
En conséquence, le Parti de Gauche réaffirme ici son soutien aux luttes menées à l’Université Paul-Valéry et à ses acteurs. Il entend prendre une part active au combat politique sous-jacent, dont la première étape doit être l’abrogation immédiate des lois Pécresse (LRU) et Fioraso.
Le Parti de Gauche sera également présent aux côtés des personnels, étudiants, parents et citoyens concernés.
Pour le collectif du Parti de Gauche
Francis DASPE, Président de la Commission nationale Education du PG
Bruno FLACHER, Adjoint au Maire PG, professeur à l’Université Montpellier 3 retraité
Sophie GUGLIELMI, Membre du Conseil National du PG, étudiante à l’Université Montpellier 3
Charles MENARD, Délégué régional du PG en Languedoc-Roussillon
Jean-Philippe PROST, Co-secrétaire du comité Montpellier Nord du PG, Maître de conférences à l’Université
René REVOL, Membre du Bureau national du PG, Ancienne tête de liste de la liste unitaire « A gauche maintenant ! » aux élections régionales de 2010