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Déclaration de Jean-Luc Mélenchon le 13 décembre 2015, au soir du second tour des élections régionales.

« Ce soir s’achève la campagne électorale la plus étrange, la plus démoralisante, la plus glauque que nous ayons connue depuis bien longtemps. Elle s’est entièrement déroulée dans une ambiance de peur et de méfiance. Elle a été dominée de bout en bout par l’extrême droite dont le thème, le style, le ton ont dominé et défiguré les paroles et même les stratégies de tous les partis de gouvernement. Ce soir, une catastrophe a été évitée de justesse. Il faut en remercier les millions de personnes qui ont voté avec des bulletins de vote pourtant contraires à leurs convictions les plus profondes. Le gouvernement et le Premier ministre, responsables en premier rang de cette débandade, auraient tort d’analyser comme une victoire un score acquis sous la menace et le chantage. Tout au contraire, le président de la République doit entendre le message de colère que le pays a adressé et prendre ses dispositions pour que Manuel Valls, le premier responsable de la politique qui a créée cette situation, soit renvoyé dans ses foyers.

Pour être à la hauteur des événements, tout au contraire, il nous faudrait, comme nous avons su le faire dans le passé, comprendre que les menaces qui pèsent sur la démocratie, celles qui viennent de l’extrême droite, ne peuvent être levées que si l’on répond à l’urgence sociale que constitue la présence de millions de chômeurs, de pauvres, de sans-abris, dans un pays parmi les plus riches du monde. C’est un véritable Front Populaire qu’il faudrait être capable de faire naître. Je le dis sans illusion car la COP 21 comme cette élection ont montré à quel niveau d’irresponsabilité les élites politiques peuvent parfois croupir.

Mais je le dis avec espoir : à proportion du danger que vous avez vécu, vous savez que vous êtes appelés dorénavant à prendre votre part à l’autre bataille démocratique qui dorénavant s’avance avec l’élection présidentielle. Il faut qu’elle soit l’heure du peuple contre l’oligarchie, l’heure du rassemblement pour une république qui ne se contente pas de débiter comme un moulin sa devise mais qui fasse vivre réellement l’aspiration à l’égalité et à la fraternité autant qu’a la liberté. Je sais mes chers compatriotes que nous avançons dans l’hiver, mais je sais aussi que toujours le printemps revient. Toujours. Et avec lui, les fleurs et la promesse de leurs fruits. »