Manuel Valls avait-il besoin de donner un signal à l’heure de la finalisation des motions pour le congrès du PS ? On peine à trouver motif plus sérieux aux annonces sur l’investissement du 8 avril tant le décalage entre les mots et la chose est sidérant.
En répétant 37 fois le mot « investissement » dans sa conférence de presse, le Premier ministre n’a pas eu peur de forcer le trait pour enfumer. Officiellement, le gouvernement annonce 2,5 milliards d’euros pour l’investissement. La réalité est bien différente. Cette somme s’entend sur 5 ans soit à peine 500 millions d’euros par an. Surtout, il s’agit d’un nouveau cadeau fiscal accordé aux entreprises qui investissent : elles pourront déduire de la base de calcul de leur impôt jusqu’à… 140% de leurs investissements ! Un dispositif de « sur-amortissement qui doit doper la rentabilité des investissements des entreprises » comme l’écrit Le Monde.
Cette annonce est surtout un aveu d’échec pour Valls et Hollande. La politique de l’offre et les cadeaux au Medef au nom de la compétitivité n’ont pas relancé les investissements. Le Premier ministre lui-même dit que « le compte n’y est pas ». Mais alors pourquoi donner plus ? Et si plus de 40 milliards d’euros par an ne suffisent pas, à quoi serviraient 500 millions de plus ? La vérité est que le marché ne peut pas tout et que les actionnaires s’intéressent plus au niveau des dividendes qu’à l’investissement.
Les autres mesures ne valent pas mieux. Exemple : Manuel Valls annonce que les collectivités locales seront remboursées plus vite de la TVA payée sur leurs investissements grâce à des prêts à taux zéro de la Caisse des Dépôts. Mais les dotations aux collectivités continueront de baisser de manière drastique. L’investissement public va encore reculer sous l’effet de la politique d’austérité du gouvernement. D’ici 2017, plus de 50 milliards d’euros de dépenses publiques seront supprimés. Les collectivités locales sont en première ligne avec 28 milliards d’euros en moins. Or, elle réalise plus de 70% des investissements publics dans le pays. Déjà en 2014, l’investissement public local a reculé de 4,8 milliards d’euros. Dans le bâtiment et les travaux publics, on tire la langue : 30 000 emplois ont été supprimés en 2014. La transition écologique est au point mort. La copie du modèle de Merkel produit les mêmes effets de ce côté-ci du Rhin. Austérité et investissement sont incompatibles.
Matthias Tavel