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6 février 1945

Le 6 février 1945 Robert Brasillach est exécuté. Normalien, formé à l’Action française, il devint sous l’occupation rédacteur en chef de Je suis partout, un journal antisémite et collaborateur tiré à 250 000 exemplaires. Il y écrit par exemple : « Il faut se séparer des juifs en bloc et ne pas garder de petits ». Début 1944, dans le journal Révolution nationale, il déclare : « J’ai contracté une liaison avec le génie allemand ; je ne l’oublierai jamais. Qu’on le veuille ou non, nous aurons cohabité ensemble. Les Français de quelque réflexion, durant ces années, auront plus ou moins couché avec l’Allemagne, non sans querelle, et le souvenir leur en restera doux. »


Son procès a lieu le 19 janvier 1945. Il dure six heures. Il est condamné à mort pour trahison et intelligence avec l’ennemi, après un délibéré d’une vingtaine de minutes. Peu avant son exécution, il déclare : « C’est aujourd’hui le 6 février, vous penserez à moi et vous penserez aussi aux autres qui sont morts le même jour, il y a onze ans », en référence au coup d’état fasciste du 6 février 1934.
Une pétition d’artistes, signée notamment par Paul Valéry, Albert Camus, François Mauriac, Colette, Cocteau, Vlaminick, demande la grâce de Brasillach. Mais de Gaulle n’y répond pas favorablement, notamment sous la pression du Parti Communiste Français.
L’arrestation de la mère de Brasillach l’avait empêché de fuir et contraint à se livrer à la police, à la différence de nombreux autres écrivains collaborationnistes inscrits sur la liste noire du Comité national des écrivains. Beaucoup furent condamnés à mort par contumace après s’être enfuis. Citons par exemple Lucien Rebatet qui s’enfuit en Autriche, Louis-Ferdinand Céline à Sigmaringen puis au Danemark, Lucien Combelle en Argentine. Drieu la Rochelle choisit une option plus radicale en se suicidant à la Libération. Deux lois d’amnistie signées par le Président de la Quatrième République, en 1951 et 1953, permettront à de nombreux condamnés de rentrer en France sans encombre.
L’extrême droite française ne s’est jamais remise de l’exécution de Brasillach. Rappelons que lors de la campagne présidentielle de 2012, Jean-Marie Le Pen a fait applaudir une citation de l’écrivain lors d’un meeting.

Jeanne Fidaz