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Une consigne ? La Sixième !

Et si Hollande se préparait à une cohabitation avec la droite ? Il serait fidèle à ce qu’est devenu la 5ème République. Il pourrait penser réaliser un bon coup politicien en fatiguant l’adversaire avant la présidentielle de 2017. Hypothèse bien sûr. Mais on ne peut l’exclure. Trop de signes concordent. Ce je-m’en foutisme qu’il manifeste devant l’érosion de sa majorité au Parlement, qui n’est plus que relative. Son mépris du soutien populaire. Son goût des déculottées électorales. Et si Sarkozy prend la tête de l’UMP, quelle ironie de le voir revenir au pouvoir ! Quel symbole d’un système fermé ! Sarkozy-Hollande, Hollande-Sarkozy, qui plus est pour la même politique, bruxello-compatible !

Briser cet enfermement immobile impose de forger de nouvelles institutions, une nouvelle République, la 6ème, dans laquelle les élus seront révocables. C’est le sens du combat que nous menons pour une issue positive à la crise politique qui voit les deux faces d’une même orientation austéritaire faire mine de s’opposer. C’est donc la condition d’un changement de politique. Rarement le changement des politiques publiques aura autant dépendu d’un changement d’institutions. C’est devenu une seule et même question. Le PT brésilien a souffert de ne pas l’avoir compris. Il est resté prisonnier du système politique corrompu qu’il n’a pas voulu briser. A l’inverse les Tunisiens ont bien fait le lien. Dans notre retard relatif, nous avons au moins la chance d’être nourris par ces expériences concrètes.

De plus ce serait se réapproprier des débats démocratiques essentiels à l’heure où ils semblent tombés dans le domaine réservé de l’exécutif, président de la République ou Premier ministre, qui en disposent sans débat et au coup de force, comme la suppression des conseils généraux ou celle –envisagée par Valls- des professions de foi adressées aux électeurs. Une version vulgaire de l’adage « qui paie décide » prend le pas sur la souveraineté du peuple. La Sixième République est aussi l’alternative à une ère de rétrécissement de la démocratie, étouffée par l’étau austéritaire.

Ces dimensions indissolublement défensives et offensives en font typiquement un mot d’ordre révolutionnaire. C’est lui qui cristallise aujourd’hui le front le plus large pour le changement le plus radical. Les près de 60000 signataires du m6r sont en train d’en apporter la démonstration. A nous de pousser encore un peu. En appliquant un principe qui a fait ses preuves. « Une seule consigne, n’attendez pas les consignes. »

François Delapierre