« La France serait contente que quelqu’un force le Parlement, mais c’est difficile, c’est la démocratie » s’est lamenté depuis Washington le numéro deux du gouvernement allemand, Wolfgang Schaüble. Il a livré au passage les noms des traîtres qui conspirent contre la souveraineté de leur patrie : Sapin et Macron, ses « amis français » qui lui racontent « de longues histoires » sur leurs difficultés en France. Se faisant il encourage Valls qui a amorcé ce viol de la démocratie en utilisant le 49-3 contre les représentants du peuple. Le principal soutien de la politique d’austérité du gouvernement se trouve désormais outre-rhin. Et Hollande a manqué encore une fois à ses plus élémentaires devoirs de défense de la souveraineté de la France en n’exigeant pas des excuses publiques du gouvernement allemand.
La déclaration de Schaüble est aussi un hommage plus lointain rendu à Bismarck. Ce chancelier luthérien-conservateur, comme Merkel, avait déclaré en 1862 : « ce n’est pas par les discours et les votes à la majorité que les grandes questions de notre temps seront décidées mais par le fer et le sang. » Une chose est commune aux maux qui accablent la France et plus largement l’Union européenne (réformes des hôpitaux, « libéralisation » du marché du travail, hécatombes aux frontières) : le fer de l’austérité. C’est parce que chaque action passe sous la férule de vérificateurs européens austéritaires que se construit la distance avec l’humain d’abord.
Jusqu’à l’indifférence pour la mort de masse en méditerranée. Avec plus de 1 500 morts en 3 mois, on atteint un bilan digne d’une guerre. Pourtant nulle coalition internationale ne s’est dressée pour y répliquer. Tout juste un sommet européen est-il convoqué. L’indifférence est ici le masque de la culpabilité. Car l’Europe a bien une responsabilité globale dans cette catastrophe. Pour avoir délibérément concentré ses moyens sur la protection des côtes plutôt que le sauvetage en mer. Mais aussi pour avoir mené des opérations militaires qui ont détruit plusieurs États dont sont issus les migrants : Libye, Mali et Somalie. Et pour avoir affamé l’Afrique en libéralisant de force son agriculture.
Sous la domination allemande, l’ordre européen est devenu meurtrier à l’intérieur et à l’extérieur. S’en libérer devient une nécessité historique pour les peuples. S’ils veulent survivre.
François Delapierre étant en vacances pour deux semaines, l’éditorial est rédigé par Laurent Maffeïs.