Ils avaient fait de la jeunesse leur priorité, ils en font finalement leur victime. Celle-ci va être en effet fortement touchée par les dispositions du Projet de loi de finance 2016 adoptées jeudi 17 décembre.
Un amendement (article 140 du PLF) prévoit « une diminution progressive de l’aide au-delà d’un certain plafond de loyer ». Les rédacteurs du contenu de cet amendement estiment que « certains bénéficiaires assument des loyers d’un montant particulièrement élevé par rapport aux revenus qu’ils déclarent ; [la diminution de l’aide] permet alors de mieux prendre en compte leur capacité financière effective. »
Les parlementaires qui ont voté cet amendement ont sans doute acquis la conviction que les jeunes payant des loyers élevés ont des goûts de luxe et qu’ainsi ils méritent d’être pénalisés. C’est oublier que pour plusieurs milliers d’entre-eux payer un loyer très élevé est une contrainte et non un choix. Face à la pénurie de logements et aux prix exorbitants des loyers, comment penser que les jeunes, précaires ou en études, aient la possibilité de faire autrement ?
Le projet de décret d’application, dont plusieurs organisations étudiantes ont pris connaissance, est également inquiétant. En plus du plafond de loyer, il prévoirait que les jeunes de moins de vingt-cinq ans ne puissent plus bénéficier de la prise en compte, pour le calcul de leurs APL, de leurs revenus de l’avant-dernière année (N-2). Cette dérogation permet pourtant à un jeune de bénéficier du montant maximal d’aide au logement les deux premières années de son insertion (n-2 correspondant à sa situation d’étudiant-e ou de lycéen-ne et donc, a priori, à un revenu faible ou nul).
Une fois de plus les jeunes sont victimes de la politique austéritaire du gouvernement qui démontre par ces mesures sa cohérence idéologique : la remise en cause du caractère universel de cette prestation. Nous affirmons qu’elle est un droit, non un privilège.
Le Parti de Gauche appelle le gouvernement à renoncer à la mise en application de ces dispositifs. Il soutient les organisations syndicales engagées dans le mouvement social et notamment les organisations étudiantes qui ne cessent de défendre les droits des étudiants. Il réaffirme qu’il est par ailleurs urgent d’instaurer une réelle allocation d’autonomie pour tous les jeunes en formation.
Mickaël Musto, membre du Parti de Gauche et Cécile Tavan, SEN au logement