Pour le gouvernement, l’école est devenue un champ de bataille. Najat Vallaud Belkacem s’apprête donc à bombarder des cohortes de « réservistes » dans les classes et les ateliers périscolaires.
Depuis ce matin il est en effet possible de s’inscrire en ligne pour intégrer les rangs de la « réserve citoyenne ». Demain, ces engagés volontaires viendront dans les écoles disserter sur les valeurs de la République.
La ministre l’a dit, pour elle, l’école a failli. La solution, pour elle, réside donc dans l’externalisation d’autres de ses missions dans le temps périscolaire. Dés lors, philologues et exégètes de tous poils pourront, chacun dans leurs communes, dire leurs conceptions de la laïcité, de la liberté, de l’égalité, de la fraternité. Au final, autant de discours sur la République que d’intervenants. La liste des associations pressenties est éloquente : aux ONG, acteurs de l’enseignement public et associations habituelles de prévention du racisme, elle ajoute pêle mêle une association de naturalistes, une association de yoga, une officine du Medef,… En encourageant l’intervention des « réservistes » dans le temps périscolaire, le gouvernement, qui reprend là une proposition de l’UMP Baroin, encourage la relativisation de la parole du professeur en la confrontant à celles d’ »experts » autoproclamés préparant, dans l’enceinte de l’école, le règne de l’opinion. Il prépare la confrontation des écoliers à tous les points de vues, et avec eux à tous les prosélytismes. En cela, le lancement de la « réserve citoyenne » est une atteinte fondamentale au principe de laïcité.
Une fois encore, la politique du gouvernement traduit une profonde défiance pour les enseignants de l’école publique et foule aux pieds les principes fondateurs de la République.
Paul Vannier, responsable national à l’éducation du Parti de Gauche