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Alstom – Le cynisme de Hollande et Valls

Manuel Valls ne recule devant aucune provocation. Le 2 décembre, à côté de Nantes, il est allé inaugurer une usine de fabrication d’éoliennes off-shore d’Alstom. Dans la foulée, il vantait sa politique devant les Assises de l’économie de la mer. Présent à ces assises, Jean-Luc Mélenchon a dénoncé le « cynisme » de Manuel Valls qui cherche à faire oublier que son gouvernement et François Hollande ont abandonné Alstom à l’entreprise états-unienne General Electric (GE). La branche consacrée aux énergies marines (éolien off-shore, hydrolienne…) est particulièrement touchée.

Le 5 novembre, le ministre de l’Economie Emmanuel Macron a autorisé la vente du pôle énergie d’Alstom à GE. Cette vente prévoit que GE et Alstom créent des co-entreprises dans le domaine de l’énergie. Mais, si le gouvernement a exigé un droit de veto dans la co-entreprise qui produit les turbines des centrales nucléaires, il n’a rien fait de tel pour celle dans les énergies marines. L’expérience (Renault-Nissan, Alcatel-Lucent…) montre pourtant à quel désastre industriel et social peut conduire ce type d’alliance.

La décision d’Emmanuel Macron fait suite à l’accord conclu en juin entre l’Etat, Alstom et GE : tout se fait avec l’accord du gouvernement. Ce jeudi 4 décembre, François Hollande a ainsi reçu Jeffrey Immelt, PDG de General Electric, Clara Gaymard, présidente de GE France, et Mark Hutchinson, responsable de l’alliance GE-Alstom. L’Elysée s’est félicité de « l’avancement de la constitution de l’alliance » qui « montre que la France est un grand pays d’accueil d’investissements étrangers ».

L’Assemblée générale des actionnaires d’Alstom doit entériner la vente du pôle énergie le 19 décembre. La mécanique implacable est déjà en marche. Dès le lendemain de l’autorisation de vente par Macron, Alstom annonçait la suppression de 1300 emplois en Europe. Six jours plus tard, on apprenait que les actionnaires d’Alstom récupéreraient jusqu’à 4 milliards d’euros de l’argent de la vente. C’est plus du tiers de l’argent apporté par GE, et même la moitié une fois déduits la trésorerie des branches vendues et les investissements prévus par Alstom dans l’accord. C’est autant d’argent qui manquera pour désendetter le groupe, reconstituer la trésorerie ou développer la branche transport d’Alstom qui essaiera de survivre seule.

Le groupe Bouygues, premier actionnaire d’Alstom recevra plus d’un milliard d’euros. Sans compter ce que l’Etat lui donnera pour racheter ses actions dans Alstom. Un cadeau de départ en somme.

Matthias Tavel