Les accords d’Oslo signés en 1993 prévoyaient la création d’un Etat palestinien aux côtés d’Israël, dans les frontières de 1967 avec Jérusalem-est comme capitale. Un Conseil palestinien devait se mettre en place avec pouvoir sur la bande de Gaza et la Cisjordanie à l’exception des colonies juives. Ce processus a échoué entre l’assassinat de Yitzhak Rabin en 1995 par un extrémiste israélien d’extrême-droite, la multiplication d’attentats par le Hamas et le Djihad islamique opposés aux accords d’Oslo, puis les attaques israéliennes contre Yasser Arafat. Dans une entrevue en 2012, Benyamin Netanyahou s’est vanté d’avoir fait échouer les accords d’Oslo. La colonisation israélienne en Cisjordanie et à Jérusalem s’est intensifiée sans que jamais Israël ne soit condamné. Aujourd’hui 520 000 colons vivent en Cisjordanie qui est en passe d’être coupée en deux par les colonies israéliennes. Pour empêcher que Jérusalem-est puisse être la capitale d’un état palestinien, le gouvernement israélien organise la construction massive de colonies juives dans cette partie de la ville, et à l’inverse refuse tout permis de construire pour les palestiniens.
Alors qu’étaient fêtés les 25 ans de la chute du mur de Berlin, le mur construit par Israël aux motifs de sécurité annexe 9 % du territoire palestinien tel que défini par le cessez-le-feu de 1949 sans plus de protestation internationale. Pour garantir son pouvoir menacé par plus extrémiste que lui, Benyamin Netanyahou est entré dans une surenchère permanente : toujours plus de colonies et peu de réaction face aux provocations des milieux religieux israéliens extrémistes, notamment dans leur volonté de prier sur l’esplanade des mosquées.
Au moment où certains voudraient transformer ce conflit en un conflit religieux, il est urgent de dire qu’il ne peut y avoir de solution que politique et fondée sur le droit. Il est temps que la France reconnaisse officiellement l’Etat de Palestine comme 135 pays l’ont fait avant elle. Michael Ben-Yair, ancien procureur général d’Israël, appelle l’Europe à suivre le chemin ouvert récemment par le gouvernement suédois en octobre, puis par les parlements britannique et espagnol et le sénat irlandais, et à reconnaître l’Etat de Palestine aux côtés de celui d’Israël selon les frontières reconnues en 1967. Des collectivités territoriales, souvent sous l’impulsion d’élus du PG comme à Paris et au conseil régional d’IDF, ont voté des vœux en ce sens. Vendredi, l’assemblée nationale se prononcera sur une résolution présentée par le PS. Elie Barnavi, ancien ambassadeur d’Israël en France, et des centaines de personnalités israéliennes, intellectuels, diplomates et officiers supérieurs de réserve, se sont prononcés en faveur de cette résolution.
Nous n’oublions pas les déclarations de François Hollande en juillet au moment de l’offensive israélienne sur Gaza. Mais nous considérons qu’un tel vote de l’assemblée, même si la résolution ne dénonce pas la colonisation, et même si elle n’a hélas pas de caractère contraignant vis-à-vis du gouvernement, sera un signal fort pour le respect du droit international par Israël et la nécessité pour le gouvernement français de s’engager plus franchement pour la défense des palestiniens à leur droit à un Etat. Cela contribue à avancer vers une paix juste et durable.
Martine Billard, SN à l’international et développement du réseau écosocialiste à l’international