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Voici un sondage publié dans « Le Parisien ».

Il m’est consacré. Il a été réalisé par l’institut Odoxa que dirige Gaël Sliman, une personnalité social-libérale connue et appréciée. La bonne nouvelle incontestée : 62 % des sondés se disent favorables à une sixième république. Et aussi celle-ci : 63% des sondés disent que mes idées économiques et sociales sont différentes de celles de madame Le Pen. Cela ne mériterait-il pas un mea culpa bien clair de nombre de commentateurs qui soutiennent le contraire depuis des mois pour le faire croire ? Leur échec est aussi évident que la campagne de diabolisation dont je suis l’objet.

En effet 55% des gens de gauche ont une bonne opinion de moi ! 85 % de la droite et extrême droite en ont une mauvaise. On s’épuiserait à répéter l’analyse de ce que vaut ce type d’instrument et de l’usage qui en est fait. Le commentaire ne vaut pas mieux que l’outil. Ici, il permet de titrer que 66 % « des Français » ont une mauvaise opinion de moi. Mieux : une majorité de sondés, invitée à choisir si je suis « un atout ou un handicap » penche pour le handicap. Aussitôt, Gaël Sliman en conclut que je serai un « boulet », ce qui n’était pas le mot de la question. Pour la droite, bien sûr. Mais « aussi pour la gauche » alors même que pourtant le sondage dit que 50 % des sondés de gauche me perçoivent comme un atout… Après quoi le directeur de l’entreprise de sondage conclut que cela est dû à mes « emportements » contre les journalistes et contre Hollande ! Que les journalistes et Hollande figurent dans les sondages comme les personnes les plus mal perçues des Français n’a pas l’air de troubler le commentateur illogique.

Une autre lecture des chiffres même de ce sondage est pourtant possible. Celle qui consisterait d’abord à noter que dans la précédente enquête publié par cette entreprise, je ne figurais pas dans le tableau des personnes considérées comme les plus représentatives de la gauche. Je m’y trouve cette fois ci en deuxième position derrière Martine Aubry. Découverte soudaine ? Pour la totalité des sondés, ceux qui incarnent le mieux les idées de la gauche sont Aubry 40%, Mélenchon 27%, Valls 24%, Duflot 7% et 2% (sic !) n’ont pas d’opinion. La même question posée au seuls gens de gauche de l’échantillon donne un résultat plus serré : Aubry  41%, Mélenchon 36%, Valls 19%, Duflot 4%. La prudence commanderait au commentateur de séparer les opinions de gauche de celles de droite pour rendre compte du tableau ! Encore faudrait-il que le commentateur vaille mieux que son outil. Pourquoi faire le total des sondés de droite et de gauche pour décrire quelque chose à mon sujet ? Car dans les 66% d’opinions qui ont une « mauvaise opinion de moi », ils sont 85 % dans ce cas à droite et à l’extrême droite. Est-ce étonnant ? Que faudrait-il penser si c’était le contraire ? Mais 55 % des gens à gauche ont une « bonne opinion » de moi. Tel quel ! A l’heure des bulletins de vote que valent les « mauvaises opinions » de droite par rapport aux bonnes opinions de gauche ? Bref tout ça pour quoi ? Pour que monsieur Gaël Sliman me conseille de « critiquer d’une voix mielleuse Hollande». Sondage du même Odoxa pour le même « Parisien » sur Le Pen. L’affaire est entendue. La caste est servie.

Selon qu’il s’agit de Le Pen ou de Mélenchon, « Le Parisien » regarde différemment la bouteille à moitié vide ou à moitié pleine ! Pour moi, Il met en avant les 66% d’opinions qui me sont défavorables plutôt que les 33 % de « Français » et les 55% de personnes de gauche qui me sont favorables. Mais il faut se souvenir qu’il avait titré exactement à l’inverse à propos de madame Le Pen. « Le Parisien » avait clamé « 43% de bonnes opinions pour Le Pen » et non pas « 56% de mauvaises opinions », ce que disait pourtant aussi le sondage. On peut le vérifier encore avec cet article en ligne du 12 février 2014. « Plus d’un Français sur trois dit adhérer aux idées du FN ». En fait il s’agissait d’un sondage TNS-SOFRES pour « Le Monde » qui ne parlait pas du tout d’adhérer aux idées du FN. Ce sondage demandait aux sondés s’ils étaient « tout à fait d’accord, assez d’accord, plutôt en désaccord, tout à fait en désaccord » ! 34% s’étaient déclarés « d’accord » et 59% « pas d’accord » avec idées du FN ! Même exploit en août dernier quand il fallait faire vendre du papier et de la peur. L’article en ligne du « Parisien » 30 août 2014 assénait : « Près de 4 Français sur 10 sont souvent d’accord avec Marine Le Pen » (sondage CSA pour Atlantico établissant qu’il « arrive » à 39% des Français de « se sentir » « souvent d’accord » – très souvent : 16%, assez souvent 23% – avec Le Pen). Le même sondage disait pourtant aussi qu’il y avait 61% de « Français » rarement ou jamais d’accord ! Un détail de l’histoire, sans doute. Mais le journal « Le Parisien » n’a-t-il pas consacré sa double page d’entrée à montrer pourquoi la démocratie coute trop cher ? Parfois, on a froid dans le dos en lisant la presse française.

Jean Luc Mélenchon