Ces derniers jours les questions fusent de toute part : le Parti de Gauche veut-il rompre avec le Front de Gauche ? Il est pour le moins paradoxal que nous soyons interpellés sur ce sujet alors que dès l’origine nous nous sommes battus pour l’autonomie du FdG au premier tour des municipales.
Redonner espoir à toutes celles et ceux qui veulent une alternative à gauche, à ceux qui rejettent les politiques menées par ce gouvernement et se détournent de la politique, voilà l’objectif que nous poursuivons dans chaque élection. Ainsi le FdG a-t-il présenté des listes aux européennes de 2009, dans la grande majorité des régions aux régionales, des candidats aux cantonales, aux législatives et bien évidemment Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle. C’est cette autonomie qui a permis qu’à côté de la soumission au libéralisme, existe une ligne forte de transformation écologique et sociale. C’est cette affirmation d’une stratégie constante d’autonomie liée à un soutien sans faille aux luttes sociales, environnementales et pour l’égalité des droits qui a permis de reconstruire de la confiance et d’entraîner 4 millions d’électeurs à la présidentielle. Lorsque le FdG a dénoncé le ralliement de François Hollande au diktat des politiques d’austérité, il en a unanimement tiré les conséquences en refusant d’aller au gouvernement.
C’est cette cohérence entre le discours politique et les actes qui est fondamentale pour rester crédible. C’est ainsi qu’on évitera la montée continue de l’abstention et du vote FN. Se ranger derrière le PS peut apparaître moins risqué pour avoir des élus à court terme, et encore, mais sur le moyen et long terme cela crée une situation de dépendance. Le PS l’a si bien compris que dans nombre de villes, il réduit déjà le nombre de places jugées éligibles qu’il propose aux communistes qui font ce choix. Oui, il y a des villes significatives dans ces municipales, comme le dit Luc Carvounas, député-maire d’Alfortville et responsable des élections pour le PS : «Que les communistes acceptent de soutenir le maire sortant, qui est un proche de Manuel Valls, c’est un symbole». De même que Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, ait joué de tout son poids pour que les communistes de Paris votent pour aller sur la liste du PS à Paris, n’est pas anodin. Nous regrettons ces décisions et espérons qu’au final il y ait plus de listes du Front de Gauche avec le PCF que de villes où il choisira de se ranger derrière le PS. Nous ne pouvons pas faire comme si tout cela n’existait pas car on ne peut pas changer de stratégie selon les élections et se plaindre ensuite que les électeurs ne nous suivent pas.
Des sections du PCF ont fait le choix du FdG dans plusieurs villes comme à Marseille, Lyon, Tarbes, Pau, Nice, Strasbourg, Lille, etc. Nous nous en réjouissons et sommes partie prenante de ces listes avec tous nos partenaires. Nous sommes bien sûr conscients des tensions et crispations que ces divergences engendrent. Des milliers de citoyens sont attachés à l’existence du Front de Gauche, ancré dans la réalité politique de notre pays et qui puisse constituer un pôle de résistance face à la déferlante libérale. Nous sommes convaincus que les élections qui viennent démontreront que l’autonomie est la seule démarche possible pour un Front de Gauche qui continue à ne rien lâcher face à la droite, l’extrême-droite et le social-libéralisme.
Martine Billard
Co-Présidente du Parti de Gauche