Face aux menaces d’intervention armée en Syrie émanant des États-Unis et de la France, la Russie a proposé, lundi 9 septembre, de placer l’arsenal chimique syrien sous contrôle international, soumettant ainsi à la discussion une nouvelle solution diplomatique. Confronté à un vote à l’issue incertaine au Congrès, Barack Obama s’est déclaré prêt à coopérer avec Moscou sur la base de cette proposition, et a repoussé le vote qu’il avait initialement sollicité ce 9 septembre.
Pendant ce temps, François Hollande et Laurent Fabius ont continué à gesticuler et à s’enfoncer dans une posture moralisatrice et menaçante déconnectée de la situation réelle. Ils auraient pourtant dû saisir cette base propositionnelle pour peser dans le sens de discussions constructives à l’ONU. Au lieu de quoi la « diplomatie » française n’a émis que des déclarations méprisantes, déclarant notamment que Moscou « s’offrait peut-être une porte de sortie ». Avant de faire une contre-proposition de résolution prévoyant, « en dernier recours », l’usage de la force, qu’elle savait par avance inacceptable par la Russie. La réunion du Conseil de sécurité initialement prévue mardi soir a donc été reportée sine die.
Revoyant sa copie, le gouvernement français dit prévoir une nouvelle version de sa résolution. Mais il est déjà annoncé que celle-ci devrait maintenir a priori la possibilité d’un recours à des mesures punitives contre la Syrie en s’appuyant sur le chapitre VII de l’ONU. Surtout, les discours laissent toujours planer la menace d’une intervention militaire unilatérale. Si la diplomatie française voulait bloquer toute discussion, elle ne s’y prendrait pas autrement.
Déjà, ces derniers mois, la France avait participé, avec la frange de l’opposition syrienne promue par les monarchies du Golfe et qu’elle a choisi de soutenir au détriment de l’opposition laïque et progressiste, au sabotage de « Genève 2 », proposition russe approuvée par le secrétaire général de l’ONU qui prévoyait un cadre de négociations entre le régime syrien et l’opposition.
François Hollande et Laurent Fabius s’entêtent à placer la France à l’avant-garde d’une alliance occidentalo-atlantiste dirigée de l’arrière par les Etats-Unis, qui instrumentalise les drames de la guerre et la souffrance des peuples afin d’imposer à des pays souverains des gouvernements aux ordres. Cette conception, ouvertement refusée par les pays
dits émergents et la quasi-totalité des pays du sud, est totalement dépassée par l’Histoire. C’est à chaque peuple de décider de son avenir.
Devant ces insultes répétées faites à toute une tradition de politique étrangère qui a longtemps fait de la France une puissance médiatrice au sein de l’arène internationale, le Parti de Gauche appelle le président de la République, s’il en est encore capable, à revoir sa politique dans le monde arabe et à agir pour qu’une sortie de crise diplomatique soit trouvée à la crise syrienne.