Télescopage des articles de presse ? 900 suppressions de poste à Areva sur Bagnols et Pierrelatte. Fermeture d’ACPP à l’Ardoise.
Faut-il revenir sur les errements de la direction d’Areva qui s’est faite rouler pour l’achat, à prix d’or, de mines d’uranium qui n’en contenaient pas ? Le coût sous-estimé des EPR en cours de construction en Finlande, à Flamanville et en Chine ?
Ces errements ont pour conséquence une dévalorisation de la valeur de l’entreprise et la nécessité de son renflouement, la seule possibilité étant son rachat par EDF.
Mais comme à chaque fois, ce sont les salariés qui paient les erreurs des dirigeants par la suppression de leurs emplois.
ACPP est une entreprise de chaudronnerie blanche (inox) qui travaille essentiellement pour le nucléaire. Une usine à la Hague où se trouve le siège social et une à l’Ardoise. Il semble que pour sa survie, à cause du non paiement de prestations par Bouygues et Areva sur l’EPR de Flamanville, ses dirigeants aient décidé le recentrement sur l’usine de la Hague et la fermeture de celle de L’Ardoise.
L’électricité d’origine nucléaire : une énergie de plus en plus chère, dont le risque ne peut plus être nié.
Souvenons-nous, après Fukushima, André Claude LACOSTE, alors qu’il était encore directeur des Autorités de Sureté Nucléaire (ASN), avait dit qu’un accident nucléaire de pareille ampleur en France ne pouvait pas être écarté.
L’EPR, nouvelle génération de réacteur, intègre les exigences de sureté pour minimiser un tel accident. Ces exigences atteignent les limites de capacité technique des professionnels du secteur, et, régulièrement les ASN arrêtent les travaux et/ou demandent des réparations ou des compléments d’études. Le coût de Flamanville, et par conséquent de la production d’énergie électrique nucléaire, s’envole. Les entreprises prestataires sous-traitantes sont mises en cause, leurs travaux difficilement payés et leur vie mise en péril.
Dans le même temps, les besoins en énergie électrique dans notre pays étant ce qu’ils sont, et les moyens n’ayant pas été distribués dans la recherche et le développement des énergies alternatives et renouvelables, le pays est contraint de prolonger la vie de réacteurs nucléaires construits il y a plus de 35 ans.
Ces réacteurs, dont la durée de vie était estimée à 40 ans maximum, sont issus de la technologie de l’époque. Les travaux vont coûter des milliards d’euros pour une amélioration très relative de leur sureté.
De la même manière, lorsque la construction des centrales nucléaires a été décidée dans les années 70, le pari avait été fait que la progression de la technologie permettrait de réaliser leur démantèlement. Il avait juste été décidé de prévoir une partie du prix du KW/h pour financer ces travaux.
Plus de 40 ans plus tard, seul le démantèlement d’un petit réacteur de recherche a été réalisé en France, laissant entrevoir des difficultés importantes pour celui des réacteurs des centrales nucléaires. Nous ne savons toujours pas comment nous allons pouvoir nous y prendre, ni combien cela va réellement coûter.
La décision de prolonger la durée de vie des centrales tient également très certainement de cet état de fait : permettre d’augmenter le nombre de kw/h produits pour disposer de plus d’argent pour leur démantèlement.
Le dernier des problèmes est le stockage et la gestion de déchets nucléaires dont la période se calcule en milliers d’années.
Le constat doit donc être fait que les orientations sont décidées sous pression des lobbys nucléaires au gré des exigences économiques et de sureté. Exigences de sureté dont nous pouvons nous demander si elles sont vraiment efficientes sur des équipements de vieille technologie ayant déjà près de quarante années de fonctionnement et d’usure.
Quel serait l’impact d’un accident nucléaire en France sur la vie de millions d’habitants mais aussi sur l’économie du pays ?
Pour des politiques de sécurisation, de démantèlement des installations nucléaires et de développement de la transition énergétique, créatrices d’emplois.
La suppression de 900 postes à AREVA sur Bagnols et Pierrelatte et la fermeture de l’usine ACPP de l’Ardoise ne sont, à coup sûr, ni la solution pour la sécurisation et la fermeture des centrales nucléaires, ni celle pour la transition énergétique que nous devons mettre en marche sans plus tarder.
Se séparer de travailleurs qui ont une expertise pour réaliser ces objectifs est une idiotie sous-tendue par une vision économique à court terme.
Seul un pôle national de l’énergie où seraient représentées toutes les parties prenantes est à même de définir, hors de toute emprise des lobbys, les orientations énergétiques de notre pays.
Un pôle national qui permettrait l’organisation et le maillage des unités de production de la transition énergétique nécessaire à la survie de l’être humain.