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Que faire contre la finance ? Le 17 mai à Gallargues

Café-repère-17-mai

1 Commentaire

  1. martin 30

    De plans sociaux en plans sociaux la classe ouvrière recule, placée sur la défensive, sans issue politique apparente.

    Quand un spéculateur comme Gary Klesch qui jongle avec les paradis fiscaux reçoit 96 millions d’euros en rachetant l’ancien pôle PVC de ARKEMA (devenu KEM ONE) il ne reste plus que 7 mois avant la liquidation pour les 1300 salariés du site ! Mais si on interroge Alain Rousset qui a pris la succession de DSK et de Moscovici au « club de l’industrie », l’idée d’une intervention de l’Etat est taxée de « soviétisme ».

    Même reculade sur la question de l’environnement et de l’écologie pourtant décisive aujourd’hui. Il s’agit de « s’adapter à un mouvement inéluctable » qui est celui du réchauffement climatique (dixit NKM porte-parole de Sarkozy). L’étape suivante sera d’en tirer profit et n’en doutons pas, ils sont prêts, ILS IRONT JUSQU’AU BOUT.

    Comment retirer leur capacité de nuisance à tous ces malfaisants ? Comment rouvrir l’imaginaire économique, le champ des possibles ?

    Pour François Ruffin, il faut faire sauter 3 verrous : économique, idéologique et politique.

    Verrou économique

    Face à la dette, ce n’est sans doute pas le plus compliqué. On connait les conséquences sociales, sociétales des politiques d’austérité mais le pire c’est le sentiment de fatalité qu’elles confortent.

    Sortir de l’austérité c’est sortir de la fatalité « c’est comme çà » autrement dit, il n’y a rien à faire. Et pourtant si !

    – Ce qui se fait ailleurs : parlons de l’Islande avec ses mesures de dévaluation, de déflation, de banqueroute partielle et même de mise en cause pénale des banquiers…et l’Equateur, et l’Argentine…

    – Ce qui s’est déjà fait dans notre histoire : Philippe Le Bel qui règle son compte aux Templiers ; Colbert qui laisse la vie sauve à 494 oligarques de l’époque en échange de l’effacement des dettes ; Henri 2 qui emprunte à tout va auprès de banques tétanisées et François 2 une génération après qui organise une loterie en remboursant chaque année 1 rentier sur 3 ; Sully éponge la dette des guerres de religion en rayant les créances de façon s élective ;

    – Enfin le Général De Gaulle lui-même qui finit par rejeter la politique d’austérité défendue en 1944 par Pierre Mendes France et pratique « l’euthanasie des rentiers » grâce à l’inflation qui a si bien réussi que la dette passe 269% du PIB en 44 à 33% en 52 et 0% dans les années 70. Jusqu’en 1983, l’inflation a financé le déficit public !

    Question plus controversé dans notre gauche : Comment lutter contre le libre-échange ?

    Quand un produit de la marque KENZO propriété de LVMH sort des usines de Maubeuge à 80 euros, il est vendu 990 euros en rayon sur Paris. S’il est produit à Cracovie il sort à 40 euros, en Bulgarie à 30 euros et bientôt il sera fabriqué en Grèce. Que faire contre une telle logique ? Bernard Arnault, le donneur d’ordre, n’est pas responsable puisque c’est la Mondialisation, l’Eu-ro-pé-a-ni-sa-tion et s’il ne le fait pas, les autres, ses concurrents, le font.

    Notre « boite à outil » s’appelle banqueroute partielle, inflation, dévaluation, protectionnisme, confiscation, nationalisation…que des gros mots !

    Verrou idéologique

    Les libéraux ont fait d’une question strictement économique (le protectionnisme, les barrières douanières) une question morale.

    Protectionnisme=Nationalisme=Racisme=Xénophobie ou mieux encore »cela finit toujours par le régime national socialiste » Qu’on se le dise !

    Exit Roosevelt, De Gaulle et combien d’autres qui n’ont pas conduit leur pays au repli sur soi, bien au contraire.

    Exit aussi toutes les barrières qui demeurent avec le mur érigé au moment de l’ALENA et de Maastricht entre le Mexique et les EU (5000 morts en 15 ans), exit les centres de rétention en Lybie, Exit les naufragés de la Méditerranée, le mur de Tanger…

    Le poison de la résignation est distillé en continue dans tous les Médias. Cette chape de plomb n’est possible qu’en cimentant solidement toute la chaine de décision entre les « experts indépendants » qui donnent leurs « recommandations », les politiques non élus de la commission européenne, les chefs d’Etat pour finir en feuille de route du G20.

    Pour ne pas se couler dans le moule il faut un vrai courage, un vrai mandat populaire alors que nous assistons à une inversion terrible des valeurs. Le courage c’est de céder aux marché financiers en distribuant 20 milliards sans conditions aux entreprises, en flexibilisant le marché du travail, en réduisant les retraites (sous le prétexte sur réaliste d’un déficit de prévisionnel en 2020 quand nous avons aujourd’hui 6 millions de chômeurs et précaires, 10 millions de pauvres)
    Il est lâche de vouloir continuer à se battre alors que le monde est ainsi fait qu’il faut avoir le courage de reconnaitre la domination du libre-échangisme comme il était lâche en 1940 de ne pas reconnaitre la supériorité national socialiste et continuer à résister.

    Verrou politique et social

    Il est un moment où tout peut se renverser, les situations les plus désespérées basculer radicalement quand « ceux d’en haut ne peuvent plus, ceux d’en bas ne veulent plus, ceux du milieu basculent vers ceux d’en bas »

    Pour TODD la gauche à 2 cœurs sociologiques : la petite bourgeoisie intellectuelle et les ouvriers. Mais ces deux cœurs se sont éloignés, il faut les réunir.

    En 82, le chômage des cadres est de 3,2%, il est de 4% en 2012 ; pour les couches intermédiaires de 3,6 à 4,9% mais pour les ouvriers de 8 à 13,5% et même 19,6% pour les non qualifiés.

    Le diplôme produit une vrai fracture avec au bout de 3 ans : 44% de non diplômés au chômage contre 10% des jeunes du niveau universitaire.

    Même dichotomie sur les revenus entre 84 et 94 années charnières : Pour les employés 0% ; pour les ouvriers non qualifiés -5% ; les cadres +13% ; les professions libérales +38%…

    Enfin, avec l’élévation des loyers, la relégation en zone péri urbaine.

    La traduction politique de cette évolution c’est le vote de 2005 sur le TCE : 80% des ouvriers disent non, 67% des employés mais 56% des cadres et 54% des enseignants votent oui.

    Le séisme du « mondialisme » est vécu essentiellement dans les grandes entreprises par la masse des ouvriers ; Il ne l’est pas dans la petite bourgeoisie intellectuelle qui en reste à une attitude morale.

    Les ouvriers ne sont plus représentés dans les assemblées et les partis. En 81, 74% ont voté Mitterrand, en 2012 1/3 s’abstient, 1/3 vote FN, 1/3 vote à gauche.

    Cette réunion de ces 2 groupes sociaux est un enjeu majeur. Rien ne s’est jamais fait sans leur regroupement même de façon conflictuelle, ni en 1789, ni en 1936, ni en 1968…Enjeu urgent si on considère le discours bien structuré du FN sur le plan économique qui marque des points.

    Il s’agit de remettre l’histoire en marche, de surmonter son inertie, de reprendre notre destin commun.

    Rien ne s’est fait sans rupture, sans mouvement populaire d’ampleur : Il faut renverser la table.

    Le libre-échange c’est l’arme de destruction massive des oligarques. En économie ouverte, aucune alternative n’est possible. Rester dans ce cadre, c’est se condamner à pédaler toujours plus, plus vite, plus longtemps.

    Le PS à complétement assimilé la doxa libérale. Depuis 1983 le choix est fait de l’Europe libérale, de la monnaie unique, des critères dits de Maastricht. Ce qui devait être une parenthèse est devenue le cœur du projet social libéral.

    Il nous reste à construire un bloc idéologique autour du protectionnisme (et de la sortie de l’euro?), quotas d’importation, barrières douanières, taxes aux frontières…. Les classes populaires ont l’intuition de cet instrument qu’est le protectionnisme beaucoup plus que le mouvement des forums sociaux !

    Aucuns progrès possibles si on attend la bonne volonté des gouvernements dans le monde. Nous avons besoin de réformes macroéconomiques majeures, si un pays les mets en œuvre, les autres pourront suivre.

    Le « protectionnisme solidaire » du PG permet de libérer la parole mais il reste des ambiguïtés. Le protectionnisme européen n’est pas crédible, il faut une solution sur le plan national qui peut avoir, ensuite, un effet de contagion. La France existe si elle dit non

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