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Pour une industrie écosocialiste

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Crédits photo : Stéphane Burlot

Depuis 2007, près d’un demi-million d’emplois industriels ont été détruits en France. Ni Hollande ni Sarkozy n’ont pu endiguer ces destructions. Pour une raison simple : ils continuent à appliquer les méthodes qui en sont à l’origine. Pour sauver l’industrie française de cette hémorragie, il faut sortir du libéralisme et mettre en place une politique écosocialiste : planification écologique, définanciarisation de l’économie, protectionnisme solidaire…

Hollande et Sarkozy : les destructeurs

Près d’un-demi million d’emplois industriels détruits depuis 2007 1 576 usines fermées en France depuis 2009 (contre moins de 1000 ouvertes, et des usines ouvertes en moyenne plus petites que les usines fermées) 460 000 emplois industriels détruits depuis 2007 (dont 37 700 en 2014) Ces chiffres n’intègrent pas la construction (150 000 emplois détruits depuis 2007)

Ces 460 000 emplois détruits s’ajoutent à 1,7 million d’emplois industriels détruits entre 1987 et 2007.Depuis 1987, l’industrie française a donc détruit plus de 2 millions d’emplois. L’emploi industriel ne représente plus que 12,5% des emplois contre 21% en 1987.

Pillage et gaspillage Sous Sarkozy : « un quinquennat jalonné d’échecs » écrivait Le Monde dès octobre 2011

  • Milliers de suppressions d’emplois à EADS (4300)et Alcatel-Lucent (2750)
  • Arcelor-Mittal: Fermeture de Gandrange
  • Fermeture de l’usine Continental de Clairoix sans motif économique
  • Fermeture de l’usine Michelin de Toul où Sarkozy avait promis « un centre industriel»
  • Fermeture de l’usine Molex, pillée par ses actionnaires américains
  • Privatisation de GDF et fusion avec Suez (aujourd’hui ENGIE)

Sous Hollande

  • EADS: Etat a réduit sa part au capital de 15% à 12% dans une opération où le capital flottant sur les marchés financiers est lui passé de 55% à 72%
  • Arcelor-Mittal: fermeture de Florange et refus de nationaliser (2012)
  • Alstom : vente à General Electric (2014) avec l’accord du gouvernement.
  • Alcatel : 26 000 brevets détenus ont été gagés en échange d’un prêt de 1,6 milliard d’euros de Goldman Sachs et Crédit Suisse sans que le gouvernement ne mobilise les outils publics pour prêter cette somme à l’entreprise. Accord du gouvernement pour la vente à Nokia (2015)
  • Ventes de participations publiques : Safran, EADS, GDF Suez

Privatisations : plus de 40 milliards d’euros de recettes depuis 2002.

  • Majoritairement utilisés pour rembourser la dette et non pour réinvestir dans d’autres entreprises
  • Des abandons de capital public dans des secteurs clés pour l’avenir et l’indépendance technologique de la France : énergie (GDF…), aérospatial (EADS, Safran…)

Les cadeaux aux entreprises financent l’hémorragie industrielle Les aides publiques aux entreprises ont estimées à 110 milliards d’euros par an en 2013 par un rapport rédigé par un élu PS. Depuis, le montant a encore augmenté

  • Pacte de responsabilité et crédit d’impôt compétitivité : 41 milliards d’euros en 2017 (33 milliards en 2016)
  • Crédit d’impôt recherche : 5,3 milliards d’euros en 2015 (en hausse)

Aucun bilan sérieux n’a jamais été fait de l’usage de toutes ces sommes ! L’hémorragie industrielle s’est pourtant poursuivie et aggravée au fur et à mesure de ces cadeaux. Il est plus que temps de les remettre à plat.

L’Europe allemande contre l’industrie française

L’austérité budgétaire empêche les investissements dans la transition écologique, la relocalisation des activités et la réindustrialisation

L’indépendance de la Banque centrale européenne : le programme de rachat d’actifs de la BCE n’est pas orienté pour financer la transition écologique ni même l’économie réelle. L’essentiel des fonds proposées par la BCE vont directement dans la sphère financière.

Le dogme de la concurrence « libre et non faussée » pousse à libéralisation de secteurs entiers mêlant services et industrie (énergie, transports, télécoms), poussant à la recherche de rentabilité plutôt qu’à l’investissement dans les réseaux par exemple.

Le libre -échange détruit des industries sur la seule base du dumping social et environnemental. Dans l’Union européenne, ce sont les délocalisations dans l’automobile par exemple. La filière de construction de panneaux photovoltaïques a été laminée par la concurrence déloyale des productions asiatiques et en 2013, Angela Merkel est intervenue personnellement auprès de la Commission européenne pour empêcher tout protectionnisme européen sur ce secteur. Le futur Grand marché transatlantique (TAFTA-TTIP) va encore pousser au dumping sur les normes sociales, environnementales etc.

Le modèle de l’agri-business (fermes usines, suppression quotas laitiers, agriculture tournée vers l’export, dumping dans les abattoirs en recourant à des travailleurs détachés moins bien payés) condamne les petits paysans à la ruine, empêche la conversion écologique de l’agriculture mais détruit aussi l’industrie agroalimentaire française en imposant des baisses de coûts intenables au détriment de la qualité et de la sécurité sanitaire des produits.

L’euro fort surévalué par rapport au dollar étouffe les exportations françaises en concurrence avec les USA (Airbus…) et celles de moyenne gamme (automobile) qui sont plus sensibles au cours de la monnaie que les exportations de voiture supposée de haut-de-gamme allemande.

Pour une industrie écosocialiste : l’heure des choix

Règle d’or OU règle verte : l’austérité budgétaire empêche les investissements publics et pénalise lourdement l’activité économique (construction, travaux publics, transition énergétique…). Nous proposons au contraire une relance écologique et sociale de l’activité fondée sur l’objectif de la règle verte : réorganiser la production, la consommation et l’échange pour ne plus prélever davantage de ressources que l’écosystème ne peut en reconstituer.

La bourse OU la vie : il faut définanciariser l’économie : les taux de profits exigés aujourd’hui sont incompatibles avec le progrès social et avec les investissements nécessaires à la transition écologique. Nous proposons par exemple de taxer les revenus financiers des entreprises, d’interdire les licenciements dans les entreprises bénéficiaires ou encore de moduler l’impôt sur les sociétés selon la politique d’emploi, de salaires et d’investissement. Mais aussi la création d’un pôle financier public pour financer l’investissement des entreprises aujourd’hui trop souvent étranglées par les banques.

Libéralisme OU écosocialisme

Politique de l’offre OU planification écologique La politique de l’offre de François Hollande c’est 41 milliards d’euros par an gaspillés sans aucune contrepartie sociale ni écologique et aucun résultat économique. Dans le même temps, le PS et le MEDEF prétendent manquer d’argent pour :

  • augmenter les salaires et embaucher
  • investir dans la transition écologique
  • protéger le capital de certaines entreprises stratégiques, par exemple comme les chantiers Navals STX de St Nazaire où François Hollande s’est rendu récemment : l’actionnaire majoritaire coréen veut vendre. Alors que l’Etat possède déjà 34%, le gouvernement ne dit rien et refuse d’acheter pour monter à 51% du capital et stabiliser durablement l’entreprise.

Cet argent serait bien mieux utilisé dans le cadre d’une planification écologique des investissements publics visant des objectifs de long terme.

Libre-échange OU protectionnisme solidaire Pour relocaliser les productions, il faut les protéger du dumping et de la concurrence déloyale. Ainsi, EDF explique ne pas vouloir soutenir le développement de Nexcis et ses panneaux photovoltaïques de nouvelle génération car il ne serait pas assez profitable compte-tenu de la concurrence des productions asiatiques.

Chômage record OU emplois La fausse baisse du nombre de chômeurs sans activité en septembre masque une nouvelle hausse du nombre total de chômeurs si on inclut les personnes ayant travaillé quelques heures le mois dernier. Investir dans la transition écologique, c’est créer plus d’un million d’emplois dans les prochaines années. Les exemples ne manquent pas :

  • Selon les calculs de l’association Negawatt, la transition énergétique pourrait créer 700 000 emplois nets
  • La conversion du modèle agricole pourrait créer 300 000 emplois
  • Un développement écologique de l’économie de la mer pourrait créer 150 000 emplois.

Les travailleurs sont les premiers écologistes

Face à la finance et à la nécessité de faire bifurquer les modes de productions, nous proposons de donner de nouveaux droits aux salariés dans la gestion des entreprises

  • Un droit de veto sur les décisions stratégiques
  • Un droit de repriseen coopérative lorsque les propriétaires veulent fermer ou délocaliser la production
  • Une meilleure protection des salariés lanceurs d’alerte qui dénoncent des actes anti-écologiques ou anti-salariés de leur direction.

 Assurer l’égalité des travailleurs pour agir ensemble en mettant fin au régime de détachement de travailleurs : les cotisations sociales doivent être payées au taux français et non au taux du pays d’origine.

 Les salariés plus soucieux de l’intérêt général que Hollande et Sarkozy

– Fralib : l’entreprise a été reprise en SCOP par les salariés après un long conflit avec le géant Unilever. La production a été relancée avec des matières premières locales (fleurs, fruits et feuilles pour tisanes), commercialisation des thés et infusions depuis cette année. Jean-Luc Mélenchon avait lancé sa campagne présidentielle de 2011 en allant visiter l’usine alors occupée par les salariés. (en savoir-plus sur www.scop-ti.com)

– Nexcis : les salariés proposent un plan de reprise alors que EDF veut fermer l’entreprise de panneaux solaires de nouvelles générations et que le gouvernement laisse faire. A la demande des salariés, Jean-Luc Mélenchon préside le comité de soutien. (en savoir plus sur www.nexcis-vivra.fr)

Pour aller plus loin

Retrouvez plusieurs livres sur le sujet aux Editions Bruno Leprince :

Voir également les dossiers industriels du blog : 

Jean Luc Mélenchon