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Démocratie en cage

Les rentrées politiques se suivent mais ne se ressemblent pas. Les médias font habituellement le tour des universités d’été des partis. Ils y font notamment échos sous forme de retransmission des discours de clôture. Dans la maigre législation censée garantir le pluralisme dans les médias, ce rôle incombe notamment aux chaînes parlementaires. Financée par nos impôts, la chaine parlementaire est chargée par la loi du 30 septembre 1986 d’une « mission de service public, d’information et de formation des citoyens à la vie publique ». A ce titre, elle doit « proposer une programmation reflétant la diversité de la société française. » Et « dans le cadre de son indépendance éditoriale, elle doit veiller à l’impartialité de ses programmes. »

C’est à ce titre que le Parti de Gauche a toujours vu une partie de ses « remues-méninges » retransmise en direct, depuis sa création en 2009. Bien sûr c’est peu de choses face aux violations quotidiennes du pluralisme permises par la 5ème République. L’année médiatique 2014-2015 a ainsi marqué un verrouillage historique des temps de parole. 74% de temps d’antenne radio et télé pour les invités du PS, de son gouvernement et de l’UMP/LR! Alors que les mêmes partis ne totalisaient que 35% des suffrages exprimés aux élections européennes de 2014. Et alors que sur la même période, les partis du Front de Gauche n’ont eu que 3% de temps d’antenne.

Ces abus étant institutionnalisés sous la 5eme République, ils peuvent s’étendre sans limite. Transformé par Hollande en épave de la vie politique française, le PS a désormais pour seul ressort son contrôle oligarchique d’une partie des médias. Fraichement nommée en 2015 par le PS à la tête de la chaîne parlementaire de l’Assemblée nationale, Marie-Eve Malouines a décidé en cette rentrée qu’il n’y avait plus lieu de retransmettre le discours de Jean-Luc Mélenchon. Elle a prétendu que ce n’était pas le rôle des chaînes parlementaires de faire du direct. Pourtant, la même journée elle retransmettait en direct le discours de Manuel Valls aux universités d’été du PS! Un exemple révélateur du paysage médiatique de plus en plus étriqué dans lequel les médiacrates essaient d’enfermer la démocratie en vue de 2017. Et une preuve supplémentaire de la nécessité de changer radicalement la règle du jeu pour que les médias se mettent au service des citoyens.

Laurent Maffeïs