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Question de repères

melenchon9avril

 

 

Financiers et médias n’ont qu’un mot à la bouche : l’économie repart !
Et le gouvernement en rajoute pour faire oublier l’ampleur du chômage et de la pauvreté.

Cette reprise personne ne l’a ressentie dans la vie réelle. Et pour cause. Son principal indicateur réside dans le cours du CAC 40 : plus 20% en trois mois ! Et en son sein, le moteur de cette reprise est encore plus étroit : les grandes entreprises exportatrices dont la forte baisse de l’euro a subitement gonflé les résultats. Au point que certaines affichent des résultats trimestriels en hausse alors que leurs volumes de ventes continuent de baisser. Ces marges de manœuvre sont de toute façon coupées de l’économie réelle. Loin d’investir, ces grandes entreprises utilisent leurs énormes réserves de trésorerie pour racheter leurs propres actions dans des proportions inégalées depuis le début de la crise de 2008. Elles détruisent littéralement du capital en ridiculisant toutes les incitations gouvernementales à l’investissement. Le capitalisme financier reste donc très malade. Et le grand nombre ne  recevra aucune miette de cette « reprise ».


Et même si une reprise de l’économie arrivait finalement, aiderait-elle à résoudre les urgences sociales et écologiques ? Non.
Mais la nouvelle, vraie ou fausse, d’une reprise suffit à créer une dissonance intolérable entre la santé apparente de l’économie et la vie réelle des gens. Dans l’histoire économique, ce déphasage a souvent été explosif socialement. Hollande et Valls feraient bien de s’en souvenir. Des conflits sociaux sans précédent secouent le « modèle allemand ». Les travailleurs n’ont donc pas dit leur dernier mot en Europe. En France, le 9 avril a rassemblé à Paris la plus grosse manifestation syndicale depuis le mouvement des retraites de 2010. Cela pourrait bien marquer le début d’un cycle de regain des mouvements sociaux. Le 1er mai est une étape unitaire pour organiser la suite de cette conflictualité. Ces mobilisations doivent aider chacun à prendre ses repères dans la société plutôt que dans les médias qui ne la reflètent pas. C’est ainsi qu’un projet alternatif global comme celui de la 6ème République pourra se nourrir des mouvements de la société. Tout en leur donnant le débouché civique que le système politique actuel n’est plus capable de proposer.

François Delapierre étant en vacances pour deux semaines, l’éditorial est rédigé par Laurent Maffeïs.