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La BCE contre la Grèce

« La BCE est une institution fondée sur la règle. Ce n’est pas une institution politique. »

C’est avec ces termes et en arguant des statuts de l’institution que Mario Draghi a rejeté toute aide nouvelle de la BCE à la Grèce. Alors que la Grèce pourrait se trouver en situation de défaut de paiement dès les prochaines semaines à cause de la baisse persistante des recettes fiscales. La BCE ne restaurera un régime permettant aux banques grecques de se refinancer auprès d’elle qu’à condition, bien sûr, qu’Athènes mette en œuvre les réformes demandées. Et selon Mario Draghi, ces conditions ne sont évidemment pas réunies. Refus également du relèvement du plafond, actuellement fixé à 15 milliards d’euros, et qui a déjà été atteint, des émissions de bons du Trésor rachetables par les banques grecques, c’est à dire de dette à court terme. La Grèce ne sera pas éligible non plus aux rachats massifs de dette publique que la BCE s’apprête à lancer cette semaine. Pas question de revenir non plus sur la décision du 4 février dernier d’annuler la dérogation qui permettait d’utiliser les obligations d’État grecques comme garantie pour ses opérations de refinancement, privant ainsi les banques du pays de leur principale source de liquidités. Enfin pas un mot sur le remboursement des intérêts de la dette grecque, c’est à dire le re-versement par la BCE à la Grèce des intérêts qu’elle a elle même prélevés. Prévue pour un montant de 1,8 milliards d’euros, pas un centime n’a été versé à ce jour.

Mais si la BCE ne veut pas aider la Grèce, serait-ce parce que elle aurait tout dépensé ?

Car, hasard du calendrier, dans quelques semaines l’institution inaugurera en grande pompe son nouveau siège construit à Francfort pour 1,3 milliards d’euros.

Lancés en 2010, pour une fin prévue en 2011, les travaux ne devaient pas dépasser 500 millions. Avec 4 ans de retard et 700 millions en plus, le bâtiment de deux tours de verre et d’acier subissant une torsion, et reliées par des jardins suspendus, est enfin prêt. Symbole de la toute puissance de la BCE, principal acteur du diktat de l’austérité, ce bâtiment-forteresse symbolise parfaitement la distance qui sépare les élites politiques et financières des peuples. Car en s’opposant récemment au refinancement des banques grecques, la BCE, avec l’aval des dirigeants européens, piétine le choix démocratique du peuple grec. 

Mais des mouvements luttent à travers l’Europe pour renverser ces politiques, tissent des liens et des solidarités. Aussi ce 18 mars, à l’appel de Blockupy et de nombreuses organisations, des citoyens de de toute l’Europe ont prévu de venir gâcher l’inauguration, en prenant les rues et les places de Francfort dès l’aube dans le cadre d’une action massive de désobéissance civile.

Il n’y a rien à célébrer dans les politiques d’austérité. Le 18 mars passons à l’action !