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Loi Macron : 8 raisons de s’y opposer

Présentée le 22 janvier à l’Assemblée nationale, la loi Macron est un patchwork de mesures libérales, sans queue ni tête, dont la seule cohérence consiste à attaquer l’État social et le bien commun. Macron fait ainsi acte de foi envers les puissances de l’argent. Voici huit raisons de se battre fermement contre le projet

Relancer l’économie

Intitulée « loi pour la croissance et l’activité », rien dans le texte ne permet pourtant d’espérer un coup de fouet à l’économie française anémiée. Bien au contraire. Une relance de l’économie ne passe absolument pas par l’extension du travail dominical. Qui achètera deux tuyaux d’arrosage au lieu d’un, sous prétexte qu’il l’a acheté un dimanche ? On se contente d’acheter le dimanche ce qu’on n’a pas acheté le reste de la semaine. Mais, quoiqu’il en soit, dans la limite de son salaire. La relance économique, c’est l’augmentation des salaires, pas l’augmentation du temps pendant lequel on peut le dépenser. Même du côté des précaires, le banquier Macron sabre les revenus, puisque lors d’une annulation de plan social par le tribunal administratif pour justification insuffisante, les salariés ne seront plus indemnisés.

Les petites entreprises sont incapables de payer des salariés le dimanche et la nuit. Ainsi, la loi Macron permet aux grands trusts de rafler des parts de marché aux petites entreprises, pour les liquider. Et la victoire des grandes surfaces contre les petits commerces substitue des emplois précaires aux emplois stables existants.

On le sait, les accidents de travail les plus graves se produisent durant la nuit. Proposer aux salariés de gagner plus en échange d’un travail nocturne, cela revient à leur proposer le choix entre la santé et l’argent. Un gouvernement de gauche, lui, remplit les poches des travailleurs et préserve la santé. Il n’impose pas de choisir

Garder son emploi

La loi Macron s’en prend à l’emploi, sous deux angles. D’une part, elle permet aux employeurs de discriminer lors d’un licenciement : ils pourront fixer, de leur propre chef, le périmètre des licenciements économiques, et décréter que telles ou tels salariés seront affectés, à un niveau inférieur à celui de l’entreprise dans son ensemble. A la gueule du client.
D’autre part, les filiales étrangères des grands trusts ne seront plus comptées dans les obligations de reclassement de salariés licenciés. Désormais, seuls les emplois « situés sur le territoire national » seront concernés. Un beau cadeau aux multinationales qui licencient en France !

Faire des courses à prix abordable

L’extension du travail dominical est le cauchemar des consommateurs. Les grandes surfaces étant en situation de quasi-monopole le dimanche, avec une très faible concurrence, elles fixent les prix à un niveau plus élevé. De plus, l’ouverture un jour supplémentaire occasionne des coûts (énergie…) plus élevés. Tout cela s’additionne, et les consommateurs (du dimanche ou du reste de la semaine) vont payer ces frais, à prix d’or. Devra-t-on vider les caddies à cause du travail le dimanche ?

Préserver l’écosystème

Le travail de nuit et du dimanche conduit les établissements à dépenser plus d’énergie, sans pour autant vendre plus, puisque les salaires sont bloqués. L’efficacité énergétique s’effondre donc. De plus, la victoire des grandes surfaces contre les petits commerces éloigne les magasins des lieux d’habitation, ce qui impose de nouveaux déplacements contraints.
Le volet transport de la loi libéralise les lignes d’autocars, afin de remplacer les lignes inter-cités de la SNCF. Écologiquement, éliminer le train pour l’autocar est une absurdité sans nom. Par ailleurs, cette loi dissimule au creux d’un article l’encouragement à l’exportation des centrales nucléaires françaises, puisque l’autorité de sûreté nucléaire pourra apposer un label sur les installations nucléaires vendues à l’étranger ! Les déchets radioactifs, c’est plus sympathique avec un label…

Défendre notre patrimoine

Macron aurait pu se reconvertir dans la braderie. Mais il se contente de privatiser pour des clopinettes de larges pans de l’infrastructure nationale. Le militaire : avec la vente de GIAT Industries à la famille Wegmann (accusée de corruption en Grèce, lors de contrats d’armement au début des années 2000), et le siège de ce nouveau groupe à l’étranger – nous n’aurons plus aucun contrôle sur la vente d’armes. Le civil n’est pas épargné non plus. Les aéroports de la Côte d’Azur ou de Lyon sont ainsi vendus. Les résultats sont connus par avance : l’État se prive de recettes, encourage les rentes, la corruption explose.

L’aéroport de Toulouse-Blagnac, sixième de France, privatisé en juillet dernier rapportait 10 millions d’euros annuels, jouait un rôle stratégique avec Airbus à côté. Au mépris de son rôle de coordinateur, l’État le vend à un groupe chinois siégeant en paradis fiscal, et un groupe canadien radié pour dix ans par la Banque Mondiale pour corruption

Refuser l’économie de casino

La loi Macron livre le pays à la spéculation. Le régime des stock-options va être assoupli, la durée minimale de détention de titres dans des jeunes entreprises innovantes (qui permet de payer moins de cotisation patronale) va être réduite. Les cadres dirigeants échapperont encore plus à l’obligation de contribuer à la sécurité sociale. Les fonds d’investissements bénéficieront d’avantages fiscaux après seulement cinq ans de placements en PME… La finance se lèche les babines.

Pour un toit… même avec le SMIC

Un aspect de la loi consiste à doper le logement locatif intermédiaire. Ce type de logement n’a cependant d’intermédiaire que le nom : le plafond d’accès pour un couple avec deux enfants, par exemple, est de 4500 euros, soit plus de 3 SMIC ! Dans la réalité, développer le logement locatif intermédiaire permet de ne pas développer le vrai logement social. Les locataires, même éligibles à des loyers réduits, n’ont tout simplement pas de place, et sont jetés sur un marché locatif en pénurie, aux prix dramatiquement élevés. Un gouvernement de gauche ne doit pas tolérer que des ménages donnent plus de la moitié de leurs revenus à un propriétaire !

Continuer à ouvrir sa bouche !

Enfin, le projet de loi Macron vise à bâillonner encore plus les citoyennes et citoyens. Au travail, l’employeur ne sera plus sanctionné pénalement pour atteindre au droit syndical. La raison avancée ? Cette menace serait susceptible « de dissuader les sociétés étrangères d’investir dans les entreprises françaises. » On se pince. Mais cela continue : après la suppression des élections aux prud’hommes, leur professionnalisation est maintenant visée. Ainsi, les conseillers prud’homaux seront des professionnels, et ne proviendront plus des rangs des salariés. A eux d’écouter les experts et de se taire.

Face aux grands projets inutiles, le gouvernement décide maintenant de museler encore plus les citoyens. Dans le Macron, tout est bon… pour doper la croissance irresponsable et maintenir les taux de profits privés. La loi va jusqu’à déléguer la réforme du code de l’environnement au gouvernement, par ordonnance, afin d’écarter complètement les élus du peuple. Pendant ce temps-là, la publicité bénéficie de nouvelles dérogations pour s’étendre dans les stades.

Hadrien Toucel

Voir aussi, la brochure, le tract et l’affiche sur la loi macron