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5 octobre 1972

Le 5 octobre 1972, en vue des élections législatives de 1973, le mouvement Ordre nouveau initie un « rassemblement de la droite nationale ». Ce « Front national pour l’Unité française », devenu ensuite « Front national », va des anciens poujadistes aux franges pétainistes ou néo-nazies les plus extrêmes. Il se compose d’une poignée de militants de l’extrême droite néo fasciste (François Duprat), d’ex collaborateurs (François Brigneau) dont certains venus du Parti Populaire Français de Doriot (Victor Bathélémy) et de membres de l’OAS. Il sera rejoint au fil des ans par tous les groupuscules de la galaxie de l’extrême droite (Jean-Pierre Stirbois). Il s’inspire du parti néo-fasciste italien MSI fondé en 1946 par des proches de Mussolini en fusionnant avec les monarchistes avec une ligne de « droite nationale » (Destra nazionale). Le FN en reprend même le symbole de la flamme tricolore qui devient son emblème. Jean-Marie Le Pen prend la tête du mouvement qui s’engage dans l’élection législative avec un programme intitulé « Défendre les français ». Anticommunisme, anti-immigration, anti-syndicalisme sont des marqueurs forts de ce nouveau parti qui se définit comme une « droite populaire ». Clairement d’extrême droite dès l’origine, il joue vite à brouiller les lignes en se proclamant hostile au « système » qu’il contribue pourtant si bien à préserver. Les questions économiques ou sociales sont traitées de manière secondaire et leurs options ne sont jamais clairement définies. Ses hésitations économiques lui font prôner un libéralisme extrême dans les années 80 sur le modèle de Reagan, avant de se raviser pour défendre un pseudo protectionnisme. S’il euphémisme son discours, rien ne change quant à l’identité fasciste du Front national. La reprise du parti par la fille cadette de la dynastie ne fait que renforcer cette stratégie masquée. De la « préférence nationale » des années 80 à la « priorité nationale » de 2012, les théories racistes fondées sur un fantasme migratoire sont les mêmes. C’est ce fond identitaire qui constitue réellement l’idéologie du FN. En 40 ans il a contaminé une partie du paysage politique, à commencer par la droite sous l’égide de Nicolas Sarkozy.

Aigline de Causans