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Education : le classement PISA

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Quel est donc ce classement PISA qui serait devenu le référentiel ? Pourquoi assiste-t-on à un engouement soudain à s’y soumettre ? Voilà deux questions qui amènent à mieux comprendre les politiques éducatives en œuvre dans notre pays.

Pour rappel, les études PISA se font sous l’égide de l’OCDE. Organisme dont les recommandations ont poussé à soumettre les systèmes éducatifs à une plus grande libéralisation. Dès 1996, on trouve dans les textes de l’OCDE la feuille de route des politiques libérales : « L’apprentissage à vie ne saurait se fonder sur la présence permanente d’enseignants mais doit être assuré par des prestataires de services éducatifs. Les pouvoirs publics n’auront plus qu’à assurer l’accès à l’apprentissage de ceux qui ne constitueront jamais un marché rentable et dont l’exclusion de la société en général s’accentuera à mesure que d’autres continueront à progresser » ; et « Si l’on diminue les dépenses de fonctionnement, il faut veiller à ne pas diminuer la quantité de service, quitte à ce que la qualité baisse. Les familles réagiront violemment à un refus d’inscription de leurs enfants, mais non à une baisse graduelle de la qualité de l’enseignement ».

PISA aujourd’hui joue le rôle de classement pour les libéraux. Pour monter, il faut soumettre l’éducation nationale à leur cadre étriqué. Que ce classement ne tienne pas compte de critères tels que l’âge de la scolarisation obligatoire, le taux de réussite selon les catégories sociales, le pourcentage de la classe d’âge qui obtient un diplôme, le taux des jeunes qui ont un emploi qualifié à la sortie de l’école ou même le niveau de qualification, ne soulève aucun critique du Ministre. Que ce classement faussé soit également inadapté au rôle que la France assigne à son école républicaine, la connaissance académique certes mais aussi le rôle émancipateur et l’accès à une qualification de haut niveau ne pose pas de souci à Vincent Peillon. Que PISA ne juge que les « compétences », c’est même une aubaine pour les pourfendeurs de notre système social puisqu’en France, le diplôme et donc la qualification en étaient la pierre angulaire.

Plutôt que se ranger derrière les outils des libéraux, Vincent Peillon, à la tête d’un ministère d’un million d’agents dans lequel les talents sont multiples, ferait mieux de faire émerger un organe républicain d’évaluation de notre école.

Magali ESCOT, responsable nationale éducation PG